Le rôle d’attention du médecin envers les membres de la famille fait partie intégrante des soins au patient et se poursuit depuis le diagnostic, pendant la trajectoire de la maladie, le traitement et les soins de fin de vie, jusque dans le deuil. Comprendre le processus de deuil des membres de la famille, et ce qui peut les aider est aussi important [1].
Pendant la maladie, le médecin joue un rôle clé pour aiguiller le patient et sa famille vers les services appropriés tels que les soins à domicile et les soins palliatifs en établissement. Ces soins palliatifs, le moment venu, veillent à la prise en charge des symptômes et proposent du soutien émotionnel et spirituel au malade en phase terminale et à sa famille en pré-deuil. Durant cette période de soins et de deuil anticipé, la famille reçoit le soutien nécessaire et noue des liens qui persistent après le décès du malade.
Le médecin peut jouer un rôle important après la mort du malade en téléphonant, en organisant une rencontre à son cabinet, ou encore en envoyant une carte ou une trousse d’information à la famille. Ces gestes permettent au médecin de communiquer des renseignements de base concernant le processus de deuil, d’orienter les membres de la famille vers des services et de l’information complémentaires, ou de les mettre en contact avec les ressources locales d’accompagnement dans le deuil. Les maisons de soins palliatifs produisent souvent une carte ou une trousse d’information que les médecins peuvent poster à la famille.
Quand un médecin communique avec la famille au sujet des ressources d’accompagnement dans le deuil, après le décès du patient, cela encourage souvent les membres de la famille à obtenir de l’aide, au besoin, et à se sentir moins seuls dans leur peine. Savoir qu’il existe des ressources d’accompagnement dans le deuil est particulièrement utile lorsque la conscience de la permanence de l’absence s’impose, habituellement environ trois mois après le décès. Cela coïncide souvent avec le moment où parents, amis et collègues croient, à tort, que les proches devraient avoir « surmonté le pire » et être prêts à reprendre une vie normale.
Un faible pourcentage de gens ressentent la perte d’un proche de manière plus aiguë ou compliquée et peuvent ne manifester les symptômes du deuil que des mois, voire des années, après le décès. Il importe donc de garder en tête que, dans un deuil compliqué, le sentiment de perte persiste, engendre de la détresse et perturbe le fonctionnement de la personne au quotidien pendant une période dépassant six mois. Les médecins doivent être à l’affût des symptômes suivants qui perturbent la vie de la personne et qui peuvent être l’indice d’un deuil compliqué :
- Difficulté à accepter le décès
- Incapacité de faire confiance aux autres depuis le décès
- Persistance d’une amertume ou d’une colère excessive à l’égard du décès
- Malaise à reprendre sa vie, par exemple à nouer de nouvelles relations
- Engourdissement ou détachement émotionnel par rapport aux autres depuis le décès
- Sentiment de vide ou d’inutilité de la vie sans le proche décédé
- Impression que l’avenir est dénué de sens et de perspectives de bonheur sans la personne décédée
- Agitation, nervosité ou crainte depuis le décès
Il est important que la famille comprenne bien que l’accompagnement dans le deuil commence pendant la maladie et la période des soins. Le médecin de famille est on ne peut mieux placé pour repérer les personnes à risque de développer un deuil compliqué et les orienter vers des services d’aide complémentaires.
Références
1. McGrath P, Holewa H, McNaught M. Surviving spousal bereavement: insights for GPs . Aust Fam Physician. 2010; 39(10): 7803.
2. Cairns M, Thompson M, Wainwright W. Transitions in Dying and Bereavement: A Psychosocial Guide for Hospice and Palliative Care . Health Professionals Press; 2003.