Spiritualité
Comment aider une personne à préparer l’héritage qu’elle souhaite transmettre avant de mourir? Nous avons une patiente sans famille, arrivée depuis peu dans notre région, qui veut s’assurer qu’elle ne sera pas oubliée. Que faire?

Peu importe ce que votre patiente a fait dans la vie, elle a certainement quelque chose à léguer. Elle peut se faire une place dans les cœurs et la mémoire des gens si elle compose le dernier chapitre de sa vie avec amour, gratitude et indulgence. C’est la sagesse simple, mais tout de même profonde qui se dégage des quatre phrases qui, selon Ira Byock, comptent le plus dans la vie c’est-à-dire : « Je t’aime. », « Merci. », « Pardonne-moi. » et « Je te pardonne »[1]. Pourquoi ne pas encourager votre patiente à réfléchir à des questions comme celles-ci:

  • « Qui sont les gens qui comptent le plus pour vous? Comment pouvez-vous leur faire savoir ce qu’ils signifient pour vous et ce que vous ressentez pour eux? »
  • « Qui vous a aidée à devenir la personne que vous êtes? Comment aimeriez-vous les remercier? »
  • « Quelles blessures ou quels conflits vous font souffrir? Êtes-vous prête à vous en détacher et à pardonner à ceux qui vous ont fait du mal? Comment pourriez-vous le faire? »
  • « Pensez-vous avoir blessé quelqu’un ou causé du tort à quelqu’un? Êtes-vous prête à demander pardon et à rétablir vos liens? »

Vous pourriez aussi lui suggérer de trouver la personne qui compte le plus pour elle et de choisir à son intention un souvenir personnel (de préférence, parmi les biens qui lui importent le plus), qui symbolise ce qu’elle apprécie de cette personne. Ce peut être une simple photographie ou une œuvre d’art ou un bijou précieux. Peut-être pourra-t-elle donner rendez-vous aux destinataires leur dire combien ils ont compté pour elle et ce qu’elle souhaite pour eux en leur remettant personnellement les présents qu’elle a choisis. Elle peut aussi préparer une note sur chaque présent pour être certaine d’exprimer au destinataire en quoi leur relation a compté pour elle. Ces présents deviendront sans doute des trésors durables et des souvenirs précieux pour chacun. Si elle n’a pas la force ou l’énergie pour préparer le tout, peut-être qu’un ami, un parent ou un bénévole en soins palliatifs pourra l’aider.

Elle pourra aussi trouver utile de revenir sur sa vie et d’en écrire le récit afin de le transmettre en héritage. (Lire Partager son histoire pour lui proposer des moyens de le faire) Elle mettra ainsi en évidence les relations et les moments qui ont donné un sens à sa vie. Qui sait si elle ne constatera pas que sa vie même constitue son héritage.

Il existe une démarche plus formelle, qui guide les patients dans leur réflexion. Il s’agit de la thérapie de la dignité. Pendant quelques séances d’une à deux heures, les patients sont encouragés à se concentrer sur ce qui a compté le plus dans leur vie et de formuler le message qu’ils souhaitent transmettre à ceux qu’ils laisseront derrière eux[2]. Les séances sont enregistrées, transcrites puis passées en revue. Le résultat est un héritage qui pourra être remis à leurs proches, si les patients le veulent. Des études montrent que 91 p. 100 de patients sont satisfaits de cette thérapie de la dignité et que 76 p. 100 font état d’un sentiment de dignité accru[3]. Pendant les séances, les patients sont invités à répondre à des questions de ce genre :

  • « Quels épisodes de votre vie sont les plus présents à votre mémoire? À quelle période de votre vie vous êtes-vous senti le plus vivant? »
  • « Y a-t-il quelque chose de précis que vous aimeriez faire connaître à votre famille ou à vos amis à votre sujet? Y a-t-il un fait ou un élément que vous aimeriez qu’ils gardent en mémoire? »
  • « Parmi les rôles que vous avez joués dans la vie (auprès de votre famille, sur le plan professionnel, dans votre communauté, etc.), quels sont les plus importants? Pourquoi vous importent-ils tant? Que pensez-vous avoir accompli à cet égard? »
  • « Avez-vous le sentiment de devoir dire ou redire quelque chose à vos proches? »

Qu’elles soient posées dans le cadre structuré d’une thérapie de la dignité ou autrement, ces questions peuvent aider l’équipe soignante à accompagner le patient dans la transmission de son héritage. La thérapie de la dignité aide vraiment les patients mourants à conserver le respect de soi et à transmettre leur héritage.

Références

1. Byock I. The Four Things That Matter Most: A Book About Living. New York, NY: Free Press; 2004.

2. Chochinov HM. Dignity Therapy: Final Words for Final Days. New York, NY: Oxford; 2012.

3. Chochinov H, Hack T, Hassard T, Kristjanson L, McClement S, Harlos M. Dignity therapy: a novel psychotherapeutic intervention for patients near the end of life. J Clin Oncol. 2005; 23(24):5520-5525.


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